lundi 8 octobre 2007

Le vertige de l'envol, humeur du soir ...


envol
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velanio2

J’aime le vertige, cet instantané de tension qui se produit juste avant le saut dans l’inconnu. La sensation d’accélération au décollage, lorsque l’avion prend son élan ou que le voilier s’arque-boute sous le vent en prenant de la vitesse… Le plaisir de s’élancer dans le vide et le vent sur mon visage.

Sauter dans l’inconnu, prendre les risques nécessaires sans arrière-pensée, sans peur, sans regrets c’est se débarrasser du carcan de l’hypocrisie sociale. Ne plus accepter de se laisser dicter sa conduite par le raisonnable et le banal, chercher au-delà de l’horizon la lumière d’une nouvelle île improbable, se laisser envahir par le délicieux frisson de l’inconnu et glisser vers des abîmes insondables et merveilleux. Retrouver, un instant, la magie de l’enfance et de ses contes de fées : trouverais-je derrière la porte un royaume enchanté ou un monstre terrifiant ? Se sentir vivre, exister. Le connu n’a rien d’engageant, l’inconnu le piquant des épices et la douceur du miel. Je veux vivre sans les regrets mesquins et les amertumes, la vie est bien trop courte pour cela.

Il y a du nihilisme dans le refus du conventionnel, une porte de sortie que l’on claque, sans un regard en arrière, les dernières lueurs d’un phare avant le grand large et ses tempêtes. Les sociétés n’aiment rien de moins que les pulsions révolutionnaires ou anarchiques. La vie ne jaillit pourtant jamais si fort que lorsqu’elle surgit du chaos. A quoi bon chercher l’accalmie alors, autant plonger tête la première dans ses remous. On glisse plus facilement dans les courants lorsque l’on se laisse porter par eux. Peu m’importe finalement la destination de tout ce remue-ménage incongru, seul compte le voyage. La destination sera de toutes façons la même pour chacun de nous, inéluctable.

Nos cellules, nos atomes, entament à chaque instant une danse risquée, au bord du gouffre, pour avoir la chance d’exister, même quelques infimes instants. Les étoiles ne vivent que pour s’élancer dans le vide astronomique alors pourquoi nous accrochons nous si désespérément à nos habitudes, à ce qui ne nous rassure qu’en apparence, sans nous donner la moindre satisfaction, sans combler le vide qui nous pousse finalement chez le psy ou dans les bras de Lucy in the Sky with Diamonds ou d’une de ses consœurs, stimulations momentanées de notre égo, de notre adrénaline avec retombées inéluctables ?….

Mélancolie de la nuit face à l’océan. Je relis quelques vers de Blaise Cendrars et moi aussi je jette mes chaussures par-dessus bord pour rejoindre des îles inoubliables ou des transsibériens lancés dans la nuit hivernale… Vivre !

« Je voulais indiquer aux jeunes gens d’aujourd’hui qu’on les trompe, que la vie n’est pas un dilemme et qu’entre les deux idéologies contraires entre lesquels on les somme d’opter, il y a la vie, la vie, avec ses contradictions bouleversantes et miraculeuses, la vie et ses possibilités illimitées, ses absurdités beaucoup plus réjouissantes que les idioties et les platitudes de la « politique », et que c’est pour la vie qu’ils doivent opter, malgré l’attirance du suicide, individuel ou collectif, et de sa foudroyante logique scientifique. Il n’y a pas d’autres choix possibles. Vivre ! » Blaise Cendrars


Bafouille onirique rédigée sans additif ni conservateur en écoutant la playlist de Corto Santi, photographe et créateur d'univers sonores.

1 commentaires:

Nicolas a dit…

Ce message si bien écrit m'inspire merveilleusement, pour oser vivre la vie comme un beau voyage.

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