jeudi 16 janvier 2014

En pensant à Dian: une feuille de route pour aspirant-éthologue





Le titre de ce blog est bien sur un clin d’œil affectueux à la grande dame des gorilles : Dian Fossey. Aujourd’hui on fête l’anniversaire de la primatologue, née en 1932.

Dian Fossey aura été une icône de la défense des primates. Sa passion pour « ses » gorilles a conquis le monde et avec les deux autres grandes dames des primates, Biruté Galdikas et ses orangs-outangs et Jane Goodall avec ses chimpanzés, elle a défriché la voie pour toute une génération d’éthologues.
Ce que j’aime chez ces grandes dames c’est qu’elles ont défié les codes de l’époque pour vivre avec les primates, à leur façon, engrangeant les découvertes et les accolades et démontrant que la recherche peut se faire autrement que dans la stérilité et l’inhumanité des laboratoires.

Pour Dian Fossey, c’est aussi la dame aux ombres et lumières qui m’a touchée. Certains l’ont qualifié d’arrogante, d’irascible et de féministe mal léchée. Prête à tout pour protéger ses gorilles, elle paiera le prix fort sa résistance aux petits arrangements mesquins : elle sera assassinée en 1985.

Il y a quelques années, je m’étais offert un magnifique livre qui retrace la carrière de Dian à travers ses lettres, échangées avec ses amis et sa famille. Le livre reprend quelques-unes des magnifiques photos de Bob Campbell qui avait immortalisé Dian et ses gorilles pour le National Geographic :

http://www.amazon.com/No-One-Loved-Gorillas-More/dp/0792293444

 Crédit photo: Bob Campbell/National Geographic

À travers ses lettres, on découvre d’autres facettes de Dian, on découvre l’humanité, la joie mais aussi les profonds moments de désespoir, la violence ordinaire auquel elle se confronte quand elle choisit une route qui sort des sentiers battus et sa volonté de poursuivre ce chemin, coûte que coûte et quoi qu’il en coûte. On sent dans les lettres les failles, les doutes et l’intransigeance, les blessures et les victoires. Finalement, plus que l’histoire des gorilles, on lit entre les lignes une histoire bien trop humaine pour ne pas éveiller des émotions.

Je reçois régulièrement de gentils messages de jeunes qui veulent devenir éthologues pour aller étudier les animaux. Souvent ils me demandent quelles études faire. Quand les messages sont polis et bien tournés, je m’efforce d’y répondre. Mais j’ai toujours un petit serrement au cœur. Le fameux anthropologue Louis Leakey, qui a été le mentor de Dian, de Jane, de Biruté et de tant d’autres, pensait, avec un gros fond de sagesse, que les connaissances académiques pouvaient être un biais désagréable lorsqu’on veut aller se frotter aux grands singes et en apprendre quelque chose. Un truc du genre : « quand on a la tête trop pleine de niaiseries lues dans les bouquins et serinés par les profs, il n’y a plus de place pour la découverte et la curiosité… ». Il n’avait sans doute pas complètement tort… Les dames en question ont toutes finies avec des doctorats ceci-dit, mais au départ il les a choisies pour leur endurance et leur naïveté.

J’ai toujours eu un faible pour les têtes brûlées. Deux de mes mentors ont été des scientifiques hors-pairs qui ont exploré au-delà des limites imposées par le monde académique. Ils se sont fait mal voir à une époque mais peuvent se targuer d’avoir fait avancer nos connaissances. Une fois de plus, le sentier le moins battu était bien plus intéressant que l’autoroute conventionnelle. J’espère que certains des aspirants-éthologues que je croise auront le bon goût de ne pas trop s’attacher aux conventions et aux diplômes et se feront plaisir à explorer les petits sentiers qui fleurent bon la découverte. 

Une fois n’est pas coutume, il n’y a pas de brume à Vancouver. Dian, je pense tout de même à vous,  perdue dans les brumes rwandaises avec vos gorilles.

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1 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà un joli billet tout en émotion et délicatesse :-)

Je suis tellement saoulé par nos médias qui idolâtrent nombre de crétins que ça fait vraiment plaisir de te voir évoquer la vie de ces personnes extraordinaires.
Ce sont elles qui font la grandeur de l'humanité.

Merci de rappeler ainsi ce que l'on doit à ces êtres d'exceptions.


A ce propos, voici un article de Science et avenir sur la réintroduction d'une chimpanzé dans son milieu naturel avec une vidéo qui est émouvante comme tout :

http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/20140121.OBS3191/video-l-emouvante-gratitude-d-un-chimpanze-envers-jane-goodall.html


Jacques

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