mercredi 31 octobre 2007

Comment remettre des saumons dans les rivières ?

J’en ai déjà pas mal causé sur ce blog et ailleurs, les stocks de saumon sauvage sont en chute libre dans l’ensemble des pays producteurs, que ce soit en Norvège, en Ecosse, au Chili, sur la West Coast ou en Russie. La disparition des saumons sauvages est multi-factorielle, pollution, disparition de leur habitat, maladies provenant des élevages, surpêche…

Le Canada reste un de ces rares pays où cohabitent autant de variétés différentes de saumon, Coho, Sockeye, Chum, Pink, Spring … le saumon nourrit tout le monde, des ours aux loups en passant par les oiseaux de mer et les arbres, qui tirent de nombreux nutriments des carcasses déposées à leurs pieds par les prédateurs cités plus haut. La West Coast tire sa richesse de cette poule aux œufs d’or. C’est sans doute pourquoi autant de gens font aujourd’hui des pieds et des mains pour permettre aux saumons de repeupler leurs rivières et leurs fleuves afin de relancer ce système si délicat et si essentiel.

Comment fait-on revenir des saumons sauvages dans un fleuve ? Cela demande pas mal de travail, un peu d’organisation et des bras volontaires !

Première étape, souvent primordiale : nettoyer les rivières. Le saumon n’aime que les eaux propres et qui coulent sans trop de soucis. Exit donc tous les débris de l’industrie forestière, débris qui provoquent souvent une sédimentation importante des fleuves et obstrue le passage. Cette étape s’accompagne souvent de la construction d’escaliers à poissons, voies qui permettront aux saumons de passer en dépit des barrages et autres constructions humaines.

Autre étape : replanter des arbres le long des rivières pour permettre à l’eau de se maintenir à une température suffisamment fraiche pour agréer nos amis les salmonidés.

Vous voilà avec une rivière toute belle, toute propre, alors comment qu’on fait pour faire revenir les poissons ? Il faut les réhabituer à ces eaux. La plupart du temps, on « emprunte » des œufs dans un autre fleuve et on les place dans une « hatchery », littéralement une couveuse à poissons, le plus près possible de la rivière qu’on veut restocker, avec de l’eau qui provient de cette rivière. Les œufs vont s’imprégner des particularités de ce fleuve (et non H2O ne suffit pas, chaque fleuve a sa saveur et sa couleur, unique et non reproductible !).

Une fois les œufs éclos, on va nourrir les petits alevins et leur permettre de pousser un peu avant de les relacher dans leur nouveau fleuve. Si tout va bien, les petits trouveront leur route vers l’océan et l’année suivante un certain nombre trouveront le chemin pour revenir frayer dans leur fleuve d’adoption…

Rien de bien compliqué finalement, la plupart des petites communautés de la côte ont ainsi réussi à redonner un peu de vie à leurs rivières. Il ne reste plus qu’aux autorités à prendre les décisions qui s’imposent pour éviter que ces zones fragiles soient au choix :


  • aspergées de défoliants et de pesticides pour faciliter la récolte du bois (les saumons aiment les eaux propres ! Exit donc la pollution chimique…)

  • de nouveau dégueulassées par des passants pas très respectueux (merci de jeter vos poubelles ailleurs !)

  • minées par de nouvelles constructions

  • colonisées à leur embouchure par des exploitations aquacoles polluantes qui risquent de favoriser l’apparition d’épidémies chez nos amis à écailles…


Plein de bonnes raisons donc pour surveiller votre consommation de saumon et n’acheter que du saumon sauvage certifié et éviter tout produit cracra de l’élevage (pour plus d’infos, lire mon article sur Ohneka à ce sujet…).


J’en profite pour signaler une action qui sera menée demain dans les Safeway pour les encourager à retirer le saumon d’élevage de leurs rayons, d’une part parce que le saumon sauvage c’est meilleur au goût, meilleur pour la santé (moins de produits cracras…) mais surtout parce qu’il faut encourager ceux qui produisent et préservent leurs ressources locales.

Les photos qui illustrent ce post proviennent pour la plupart de Bowen Island, où Sylvain et moi avons passé une partie du week-end. Sur cette toute petite île, la communauté a réussi avec brio à relancer le frai du coho dans sa petite rivière.

Pour plus d’infos :
Coastal Alliance for Aquaculture Reform
Salmon Coast Field Station
Wild Salmon Centre (Portland)

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Wah, super chronique, super clair, ça ne m'étonne pas que tu écrives des articles dans les magazines... tu m'apprends plein de trucs, merci :)

Météo


Archives du blog

expatriation