vendredi 12 juin 2009

Mère indigne avant même d’être en congé maternité : la question de l’allaitement

Photo de Pinot&Dita


Ouaip ! C’est vendredi, c’est ravioli, c’est la fin de la semaine et la fatigue commence à se faire sentir.

Une petite réflexion anthropo-psycho-sociologique en direct du comptoir du café des sports, ou du rayon journaux à scandale du coin : les mères sont toutes coupables et toutes indignes. Voilà le ton est donné, donc si vous êtes venus pour un post sur les bisounours et les pitits nuages roses c’est mort.
On m’avait pourtant prévenue, devenir maman c’est automatiquement devenir coupable, tout le temps, de tout. La culpabilité est un des effets secondaires de la maternité, c’est scientifiquement prouvé (par Germaine et ses copines, spécialistes ès mômes et couches sales).

Cette semaine, le geek et moi, toujours en quête de tutoriaux pour apprendre à gérer le petit être qui va très bientôt envahir nos vies, avons été prendre un cours sur l’allaitement à l’hôpital. Ben oui, allaiter, ça n’est pas aussi simple que ça en a l’air et il faut apprendre un peu quelques techniques pour s’en sortir quand on est un Homo urbanus modernicus.


La grosse claque ! Jusqu’ici j’étais habituée à des discours plutôt sympas des sages-femmes et des doulas (mais oui, tu verras, on s’y fait vite, ça va bien se passer, si tu n'y arrives pas c'est pas grave….) mais là, niet, on te fait comprendre qu’allaiter c’est absolument nécessaire pour ton bébé et que si tu as le malheur de donner le biberon tu iras griller en enfer et tu condamnes ton enfant à une existence horrible (j’exagère à peine). Les quelques mamans venues avec des questions sur les petits soucis (allaiter en public, les seins qui font mal, les réveils au milieu de la nuit et tout tout…) se sont un peu fait rembarrer. Oui ma fille, tu vas souffrir, c’est normal, tu t’y feras vite. Et puis si tu as mal c’est que tu t’y prends mal et que t’es un gros boulet donc recommence jusqu’à ce que ça marche. La reine Victoria n’aurait pas fait mieux, sors ton sein et pense à la nation !


Je regardais la jeune femme assise à côté de moi, qui était venue sans être certaine de vouloir allaiter, je crois qu’elle ne va pas le faire par découragement !


Mais la société a quelque chose de pervers. Ici, dans nos villes super-developpées et super-riches, on nous demande d’allaiter parce que c’est meilleur pour notre enfant et on est impitoyablement jugées si on ne le fait pas. Par contre, dans les pays dits « en développement », on encourage les jeunes mères à donner du lait en poudre (très onéreux) sous prétexte que leur lait ne serait pas assez bon. Même au Canada, ce double-standard s’applique. Dans certaines communautés autochtones, on décourage les mères d'allaiter, en leur disant que leur alimentation ne convient pas ou qu’il y a trop de risque d’alcoolisation du bébé ou encore qu’elles consomment trop de produits contaminés. Dans les deux cas, les ayatollahs du bien-faire et du bien-penser culpabilisent celles qui ne se conforment pas à la règle.

Les féministes ne semblent pas encore avoir protesté contre cet état de fait. Il faut dire qu’il y a encore du travail à faire sur des domaines essentiels des droits de femmes. L’avortement est encore très mal perçu par une grande partie de la population, même si au Canada, contrairement à certains états plus au sud, le droit à l’avortement est pour le moment acquis. Il est cependant remis en cause régulièrement par les conservateurs. Pourtant, au niveau de la législation du travail, les femmes sont assez bien servies. Bon nombre d’entre-elles choisissent pourtant de faire leurs enfants de plus en plus tard, justement pour éviter de mettre leur carrière entre parenthèses pendant un an. Il en résulte que nombre d’entre-elles doivent faire appel à une PMA (procréation médicalement assistée), ce qui explique le nombre hallucinant de jumeaux que l’on croise dans nos rues. Ces mêmes femmes (certaines collègues me l’ont confirmé), se rongent les sangs parce qu’elles ont l’impression de ne pouvoir assumer à la fois leur désir de maternité et leur désir de mener une vie professionnelle intéressante et satisfaisante. Coupables, encore et toujours.

Sur ce, je m’en vais bosser, parce que je suis aussi une fille qui aime son boulot et qui assume le fait de travailler jusqu’à quelques jours de sa date d’accouchement, en bonne mère indigne que je vais devenir très bientôt.


3 commentaires:

dick a dit…

je suis pleinement d'accord avec toi sur ce diktat permanent sur les bonnes attitudes, et les mauvaises attitudes. Cela reflète selon moi le reflexe à tout vouloir tout le temps théoriser, et sans cesse remettre en cause ce qui a été théorisé...
mes gamins sont très grands mais je me rappelle des directives sur la position où il fallait absolument les mettre pour dormir (sur le côté). depuis, j'ai entendu toutes les positions dans les générations qui ont suivies...


c'est pour bientôt alors le grand évènement ???

Loutron Glouton a dit…

Plus qu'un mois et demi normalement avant le grand chambardement! Bah, je pense que je m'y ferais aussi vite que les autres, quitte a envoyer bouler les ayatollahs de la pensee unique!
Bon weekend :-)

dick a dit…

eh cela approche !
bon week-end à toi aussi :-)

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